Vous avez dit « déchets verts »?… Parlons plutôt d’une « ressource verte ».
La gestion de proximité des déchets verts consiste à conserver et à valoriser sur place et par tous les moyens possibles les produits de tonte, de taille-élagage et toute autre matière organique issue d’un végétal (feuilles mortes, troncs et branches cassées…), provenant des jardins de particuliers ou des espaces verts des collectivités et des entreprises.
Ce sujet est devenu crucial et quelque peu épineux, en particuliers pour les collectivités, considérant l’augmentation croissante des quantités/volumes apportés en déchetterie, représentant parfois jusqu’à 20% du total des apports de déchets, tout confondu.
L’impact environnemental est de premier ordre puisque l’énergie (fossile) mobilisée pour la production, l’acheminement et le traitement de ces « déchets », est responsable d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES).
On imagine aisément que les dépenses colossales dédiées aux opérations de gestion et de traitement de ces déchets verts, doivent peser significativement sur les finances publiques. Ce sont autant d’investissements dans d’autres secteurs qui ne serons pas réalisés (éducation, santé, mobilité, habitat…).
Mais surtout!
Pensons à toute cette matière végétale vivante (feuilles, branches, tiges creuses, feuilles, fleurs…) déplacée et donc définitivement perdue pour la faune du jardin, qui manque souvent (de plus en plus!) d’habitats pour nicher, se reproduire, se cacher, se protéger, se nourrir, chasser… réguler naturellement certains ravageurs (au potager, notamment).
Rappelons que les lézards, les hérissons, les larves de vers luisants sont friands de limaces et d’escargots, tandis que les mésanges, les libellules et les chauves-souris raffolent des insectes sous formes de chenilles, de larves ou d’imagos.
Quelles sont les alternatives à l’apport en déchetterie et comment valoriser chez soi cette « ressource verte »?
Avant de parler Gestion… pensons prévention!
Astuces de jardiniers:
- Planter la bonne plante (indigène, adaptée au sol et au climat local, partenaire des insectes/pollinisateurs locaux, porte-greffe adapté au sol, pousse lente) au bon endroit (pas trop proche d’une congénère, de la maison ou de votre allée/de la voirie): cela évitera des tailles fréquentes, du temps gaspillé et des allers-retours en déchetterie.
- Plus on taille fort un arbre et plus il repousse (émission de rejets vigoureux) en puisant dans ses réserves et en se fragilisant… à méditer!
- Lorsque cela est possible, conserver des zones du jardin non tondues (voir la notion de « gestion différenciée ») et surtout… éviter de tondre à ras!
- Plutôt qu’une tonte hebdomadaire (le fameux concours de tondeuses! du weekend), préférer deux à trois fauches par an: cela épargnera votre précieux temps, vos oreilles et celles de vos voisins, et la vie de nombreux insectes, mammifères, reptiles, lézards et autres batraciens (… liste non exhaustive) vivant sous/sur le couvert végétal.
- Sauvegarder le lierre, conserver et maitriser le roncier (nectarifère, pollinifère, tiges à moelle investies par des abeilles sauvages, protecteur des jeunes plants, des oiseaux et autres mammifères)
- Laisser quelques « herbes pas si folles » fleurir, grainer et sécher sur place (nourriture pour de nombreux animaux, tiges creuses investies par de nombreux insectes pour se camoufler, chasser, se reproduire)
….. la liste est longue, à vous de compléter!
Le paillage
A l’état naturel, un sol est rarement nu. Vivant ou sec, un paillage:
- Abrite, protège et nourrit la faune dont celle des décomposeurs
- Améliore la structure et la fertilité des sols car le paillis lentement transformé en humus sera intégrer au sol (les vers de terre vous saluent!)
- Maintien le sol humide (retarde son dessèchement)
- Protège de l’érosion (vent, ruissellement) et du soleil (UV)
- Évite le phénomène de battance provoqué par la pluie sur certains sols sensibles
- Maintient une température et une hygrométrie au niveau du sol, bénéfiques à la faune et aux plantes
- Évite l’installation d’espèces végétales indésirables: meilleure alternative au désherbage manuel et chimique (ce dernier est interdit, d’ailleurs!)
Ne pas hésiter à associer les matières « brun + vert » pour un paillage efficace et nourrissant
Considérons qu’une plante vivace couvre-sol bien installée ou un engrais vert semé en place (appelé aussi couvert végétal semi-permanent ou permanent) constituent d’excellent paillages « vivants », pour certaines des raisons citées précédemment… avec en plus le bénéfice d’une floraison abondante, indispensable aux pollinisateurs.
En plus de leur capacité à « piéger » la matière organique tombant au sol (feuilles, brindilles, fleurs, fruits qui deviendront de la litière puis de l’humus), notons que certaines de ces plantes couvres-sols apprécient les sols compacts… qu’ils décompactent (trèfle blanc, luzerne, seigle, lin), quand d’autres fixent l’azote atmosphérique (trèfle incarnat) pour le restituer au sol.
D’autres, comme l’Herbe aux goutteux ou l’Houttuynia cordata* (toutes deux comestibles) aiment les situations ombragées, à l’instar des persistants Pachysandra terminalis* et Epimedium sp.* (le Fleur des elfes). Qui a dit que rien ne pousse à l’ombre?
* plantes non indigènes originaires d’Asie
Le broyage
- Broyer sur place ses produits de taille-élagage ou stocker des feuilles mortes permet de disposer toute l’année d’une matière sèche utilisable (indispensable) au composteur ou pour le paillage des végétaux et allées.
- La qualité structurante du broyat de bois (solide, fibreux, granulométrie hétérogène) lorsqu’il est mélangé aux biodéchets de cuisine, assure l’aération passive et la stabilité hygrométrique (absorption de l’eau en excès) au sein du bac de compostage, conditions indispensables à l’activité et à l’efficacité des décomposeurs présents.
- L’acquisition d’un broyeur (individuel ou mutualisé) répond à de multiples critères dont vous seul.e avez connaissance (type, diamètre et volume des branches, fréquence d’utilisation, type d’énergie, coût…).
Le plus simple et le plus efficace… pour un jardin vivant
- Laisser sur le sol des tas de branches, feuilles mortes, herbes sèches, paille, broyat…
- Lorsque cela est possible, conserver et laisser les souches d’arbres se décomposer sur place, car voici les beautés que l’on peut héberger… à l’exception du hanneton qui lui, vit dans le sol.
« Un jardin (trop) propre est impropre à la vie » (Sébastien HEIM – Réseau Hortus France)
Petit rappel important concernant l’interdiction du brûlage des déchets végétaux pour les particuliers
Pour aller plus loin…
- Sites internet
Les fiches techniques du Réseau Compost Citoyen (RCC): https://grandouest.reseaucompost.org/fiches-des-rcc
Brûlage des déchets verts des particuliers: https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31858
https://www.arthropologia.org/association/ressources#group=ressources–results&page=0-10
https://www.hortus-france.org/
- Brochures
–
Association Compost et Territoire
3210 Route de la Vaumane – 26400 CHABRILLAN
Siret: 80949932000020 – Organisme de formation n° 84260254126